Alerte ! Les Savoyards inondent la capitale ! »

Quand une affiche réclamait un impôt sur les “étrangers” venus des Alpes

Ce texte a été retrouvé par L’Académie salésienne, d’Annecy. Fondée en 1878, elle constitue l’une des plus prestigieuses Sociétés savantes de Savoie à caractère scientifique, historique et littéraire. Le document est une affiche placardée sur les murs de Paris dans les années 1850 par un anonyme qui signe “un ouvrier”. Il en dit long sur le climat de l’époque dans la capitale, dix ans avant que la Savoie devienne française. « Des étrangers, les Savoyards, inondent la capitale. Cette peuplade envahissante porte un grand préjudice au pays. Ne serait-il pas temps d’y mettre un terme et d’arrêter ce torrent qui déborde sur la France? » La réponse suit : « Le gouvernement doit protection à la classe ouvrière…

Est-il juste que des étrangers viennent moissonner les ressources du pays ? Il y a en France 94 000 Savoisiens.

Ils sont économes, gagnent beaucoup et dépensent peu. Le moins qu’ils peuvent mettre de côté chaque année s’élève au minimum à 500 francs. Je ne veux pas qu’on dise que j’exagère : je réduis cette somme de moitié ; je multiplie 250 par 94 000 : cela donne la somme de 23 millions et 500 000 francs !

Cette somme est enlevée au commerce de détail. Soyons généreux, mais que cette générosité ne soit pas douloureuse! »

« De quelle utilité nous sont les Savoyards ? Quelle industrie ont-ils apporté en France ? Si ce n’est celle de nous agripper nos pièces de 5 francs ! »

“La banque, le Trésor, les messageries, les hôtels de vente, tous les grands établissements : partout des Savoyards…”
« Les commissionnaires de tous les chantiers de Paris sont Français. Mais le travail est enlevé par les Savoyards et ces malheureux restent les bras croisés. À toutes les stations des chemins de fer : partout des Savoyards! La banque, le Trésor, les messageries, les hôtels de vente, tous les grands établissements : partout des Savoyards…

Ils envahissent jusqu’aux sellettes des malheureux décrotteurs, les ponts, les quais, les boulevards, les rues : toujours des Savoyards! » « Les pièces de 5 francs qui entrent dans leur gousset n’en ressortent plus ! En Savoie, ils appellent la France leur Californie. Expatriez-vous, Français ! Faites place aux Savoyards! On a bien crié, bien fait du bruit contre les Jésuites, mais les Savoyards sont mille fois plus, onéreux par leur empiétement continuel… »

« Ce n’est pas tout : ils ont causé la ruine de plusieurs de nos établissements ; ils empêchent beaucoup d’autres de se former.» « S’ils n’étaient pas là, on ne verrait plus d’ouvriers sans ouvrages, plus de domestiques sans place, plus de vagabonds… » « Il y a parmi eux des fils de fermiers, des gens aisés. Seuls les malheureux restent dans leurs pays pour cultiver les terres. »

Venons-en à l’impôt : « Serai il donc injuste d’exiger une parcelle des trésors qu’ils nous enlèvent chaque année ? Ne serait-il pas bien de leur imposer de payer un impôt (patente) de 2 Francs par mois, 24 Francs par an : cette somme serait affectée à quelques maisons de retraite, pour des personnes âgées et sans ressources ?… Cette pétition, devant être présentée de nouveau à la Chambre nouvelle, est-il un Français riche comme pauvre, qui refuserait de donner son adhésion ? »

La conclusion : « Signaler un abus, c’est faire acte de bon citoyen »

 

Texte retrouvé par l’Académie salésienne, Annecy. Fondée en 1878, elle constitue l’une des plus prestigieuses Sociétés savantes de Savoie à caractère scientifique, historique et littéraire.